Meta a récemment procédé à la suppression du compte Instagram du journaliste Salé Aljafarais, une figure qui avait été tuée à Gaza le 12 octobre 2025. Cette action a soulevé de vives préoccupations concernant la censure numérique, étant donné que Salé Aljafarais était suivi par 4,5 millions de personnes et avait consacré deux années à documenter ce qu’il qualifiait de génocide commis par Israël.

L’historique d’une suspension

La suppression définitive du compte fait suite à des actions antérieures de la part de l’entreprise. Quelques mois seulement avant sa mort, Meta avait déjà suspendu le compte vérifié du journaliste. L’entreprise avait alors invoqué sa politique relative aux « organisations et les individus dangereux » pour justifier cette mesure, mais n’avait fourni aucune preuve ou explication pour étayer sa décision.

Ce cas n’est pas isolé et s’inscrit dans un contexte plus large de surveillance et de censure du contenu palestinien. Fin 2023, un rapport de Human Rights Watch a démontré l’existence d’une censure systématique des contenus concernant la Palestine sur les plateformes Instagram et Facebook. Le rapport indique que certaines de ces censures sont opérées à la demande directe de l’unité cyber d’Israël. Les plateformes, et pas uniquement Meta, ont accepté 94 % des demandes émanant d’Israël au fil des mois. Par ailleurs, d’autres comptes appartenant à des journalistes palestiniens sont également devenus inaccessibles.

Une « double peine » dénoncée

La suppression du compte de Salé Aljafarais a été perçue par certains observateurs comme un prolongement de la violence. Francesca Albanisé, rapporteure spéciale de l’ONU, a réagi à cette décision sur X, déclarant que supprimer le compte d’un journaliste assassiné revenait à le tuer une deuxième fois. Cette déclaration souligne la portée de l’effacement numérique, qui non seulement met fin à la vie professionnelle du journaliste, mais efface également l’archive de son travail et le témoignage qu’il a laissé.