La réalité de Gaza, telle que décrite par les équipes sur place, est celle d’une ville transformée en un champ de ruines. À chaque pas, on prend conscience de l’ampleur des dégâts : aucun bâtiment n’a été épargné, donnant à l’ensemble un aspect de ville frappée par un tremblement de terre. Au milieu de cette désolation figée, des familles entières tentent de survivre, fabriquant des abris précaires sous les gravats ou dans les rares étages encore intacts, simplement protégés par des rideaux.
Après des années de conflit, les habitants ont épuisé toutes leurs ressources. Le déplacement est devenu une constante, beaucoup ayant déjà déménagé une dizaine de fois. Chaque déménagement est une épreuve coûteuse et complexe, impliquant de transporter toutes les affaires de la famille sur une petite camionnette, sans transports en commun disponibles. Trouver un lieu sûr est un défi immense, les zones moins détruites étant déjà saturées de personnes déplacées.
Une évolution alarmante est la nature des blessures observées. Si les précédentes périodes de guerre étaient marquées par les décès dus aux bombardements et aux destructions massives, la situation actuelle révèle une nouvelle horreur. Des groupes de personnes rassemblées pour récupérer de la nourriture, comme des sacs de farine ou de riz, sont devenues des cibles directes. Les patients témoignent de blessures aux jambes « complètement détruites », avec des os fracturés et gravement infectés. Les tirs ciblent spécifiquement les jambes, entraînant des blessures profondes des os, de la peau et des muscles, dont la guérison est longue et souvent synonyme de handicap permanent.
Les jeunes, qui représentent l’avenir de cette communauté et le soutien économique de leur famille, sont particulièrement touchés. Ces blessures les rendent incapables de subvenir aux besoins de leurs proches, ajoutant à la détresse générale. Les hôpitaux, déjà surchargés, ne peuvent plus faire face à l’afflux de blessés. Les tentes qui servaient autrefois de salles d’attente sont désormais utilisées comme lieux d’hospitalisation, et les patients sont placés dans les couloirs, sur des matelas à même le sol. De nouvelles tentes sont continuellement ajoutées dans les parkings pour tenter d’accueillir tout le monde.
Face à cette catastrophe humanitaire, l’espoir d’un futur s’amenuise. Des collaborateurs qui travaillent depuis dix ans dans la région sont contraints de partir, faute de perspective. Les enfants n’ont pas accès à l’école depuis deux ans, et le sentiment général est teinté de résignation et de la volonté de fuir dès que possible. La situation à Gaza est un rappel poignant de la souffrance humaine face à une destruction implacable et des blessures ciblées qui brisent non seulement des corps, mais aussi des vies et des espoirs.
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