Gaza : le mot « génocide » bientôt censuré malgré l’avis des experts ?

La situation à Gaza est indéniablement dramatique, mais l’usage du terme « génocide » pour la décrire pourrait bientôt devenir illégal en France. Une proposition de loi portée par Caroline Ad et soutenue par la ministre de la lutte contre les discriminations, Aurore Berger, vise à censurer ce qui est jugé comme un usage « abusif » du mot, le qualifiant de falsification historique.

Cette initiative soulève de nombreuses questions, notamment sur la liberté d’expression et la qualification des crimes contre l’humanité. Il est à noter qu’avant de devenir ministre, Aurore Berger était directrice de clientèle dans la publicité, ce qui interroge sur son expertise en matière de qualification de crimes aussi graves.

Pourtant, cette tentative de restriction s’oppose frontalement aux analyses de nombreux universitaires et historiens spécialistes des génocides, y compris des experts israéliens.

Des voix d’experts s’élèvent pour contredire cette position

Parmi les plus éminents, Amos Goldberg, historien israélien spécialiste de l’Holocauste et professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, a affirmé dès octobre 2024 dans une interview au Monde que « ce qui se passe à Gaza est un génocide ». Il décrit une logique de destruction totale, évoquant la famine organisée et la déshumanisation systématique des Palestiniens, considérant que ces éléments établissent un schéma génocidaire au sens du droit international.

Aux États-Unis, Omer Bartov, professeur à Brown University et l’un des plus grands spécialistes mondiaux des génocides, a signé une tribune dans le New York Times intitulée « Je suis un spécialiste du génocide, j’en reconnais un quand j’en vois un ». Il y affirme clairement qu’Israël commet un génocide contre le peuple palestinien.

Même John Mearsheimer, figure mondiale des relations internationales et classé parmi les chercheurs les plus influents, a déclaré mi-juillet que les Israéliens ressemblent aux nazis, soulignant la gravité perçue de la situation.

Une contradiction avec les principes de la liberté d’expression

Cette proposition de loi semble créer un paradoxe dans un pays qui se veut le garant de la liberté d’expression. Alors que des experts reconnus mondialement qualifient la situation à Gaza de génocide, la France pourrait bientôt interdire cette qualification. La question demeure : pourra-t-on encore qualifier correctement le génocide le plus documenté de l’histoire, ou même des évidences aussi simples que la couleur du ciel ?

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