Au-delà du risque : le message éternel d’une journaliste palestinienne à son fils

La tragédie de Mariam Abou Dagga, photojournaliste assassinée à l’hôpital Naser dans le sud de Gaza, résonne comme un cri silencieux au milieu du chaos. Mariam, mère d’un jeune garçon nommé Reif, symbolise le courage et le sacrifice de nombreux journalistes palestiniens qui, chaque jour, mettent leur vie en péril pour informer le monde. Son histoire est celle d’une détermination inébranlable à témoigner, même face à l’inévitable.

Mariam aurait pu quitter Gaza avec son fils. Pourtant, elle a choisi de rester, animée par une mission profonde : continuer à travailler et à informer le monde sur le génocide contre son peuple. Sa collaboration avec des agences comme AP témoigne de son engagement professionnel. Cette décision déchirante est malheureusement devenue une coutume parmi les journalistes palestiniens, qui, conscients d’être des cibles potentielles d’attaques, rédigent souvent des lettres d’adieu. C’est une réalité brutale où la profession d’informateur se mue en un acte de résistance et de sacrifice suprême.

Dans ce contexte de danger permanent, Mariam a laissé une lettre poignante à son fils Reif, dont le nom signifie une pluie forte après une sécheresse, une véritable délivrance. Dans ces mots empreints d’amour et d’espoir, elle lui demandait de prier pour elle, de ne pas pleurer, et de toujours relever la tête. Elle exprimait son désir qu’il devienne un élève appliqué, brillant et un homme d’affaires digne de lui-même, tout en lui rappelant l’amour inconditionnel et les efforts qu’elle a déployés pour son bonheur. Un souhait particulièrement touchant était qu’il nomme sa future fille Mariam, en sa mémoire, assurant ainsi la pérennité de son souvenir.

Cette lettre n’est pas seulement un adieu ; c’est un testament de l’amour maternel, de la fierté et de l’espoir face à l’adversité. Elle révèle la force d’une mère qui, malgré l’impuissance face à l’injustice, cherche à laisser un héritage de dignité et de résilience à son enfant. La décision de risquer sa vie pour la vérité est une épreuve indicible pour toute mère journaliste, une réalité que beaucoup de ses pairs palestiniens connaissent intimement, ressentant un déchirement profond face à cette injustice.

À travers Mariam Abou Dagga, nous voyons le reflet de tous ces journalistes qui, pris dans la tourmente, continuent de croire au pouvoir de l’information et à la nécessité de faire entendre les voix de ceux qui sont réduits au silence. Leur travail est un pilier essentiel pour la compréhension des événements et un appel constant à la conscience du monde. Parfois, face à une telle injustice, la prière semble être la seule chose qui reste, un dernier refuge dans une mer d’impuissance. Le souvenir de Mariam et de son message à Reif nous rappelle l’importance de se souvenir et de soutenir ceux qui, au péril de leur vie, nous éclairent.

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