Le canada reconnaît l’état palestinien : un pari diplomatique pour retrouver son influence ?

Le Canada a récemment fait une annonce majeure qui fait couler beaucoup d’encre : l’intention de reconnaître l’État de Palestine en septembre. Cette décision n’est pas anodine et s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, révélant plusieurs motivations et implications pour la politique étrangère canadienne.

Un alignement avec l’Europe et la défense de la solution à deux États

Cette annonce canadienne s’inscrit dans un mouvement déjà initié par des pays européens comme la France et le Royaume-Uni. Il semble que le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, cherche à aligner sa politique étrangère davantage vers ses alliés européens que vers les décisions américaines. C’est un signal diplomatique fort. Historiquement, le Canada a toujours été un fervent défenseur de la solution à deux États pour parvenir à une paix durable au Moyen-Orient. La reconnaissance de la Palestine est donc une suite logique de cette position, car il est clair que si l’on parle de deux États, il faudra bien en reconnaître un second.

Des conditions strictes pour une reconnaissance formelle

La reconnaissance par le Canada n’est pas inconditionnelle. Elle est assortie de plusieurs exigences, la plus notable étant que le Hamas ne joue aucun rôle dans la gouvernance de la Palestine. D’autres conditions incluent des réformes de l’Autorité palestinienne ainsi que la tenue d’élections libres, potentiellement dès 2026. L’aboutissement de cette reconnaissance formelle est attendu en septembre, possiblement lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Il est crucial de distinguer les types de reconnaissance étatique :

La reconnaissance de facto : Il s’agit d’une reconnaissance pratique et temporaire, sur laquelle il est possible de revenir.

La reconnaissance de jure : C’est une reconnaissance formelle et définitive, qui est irréversible. Une déclaration solennelle devant l’Assemblée générale des Nations Unies, par exemple, serait une reconnaissance absolue. Le Canada pourrait choisir une approche progressive, voire temporaire, dans un premier temps. La question de l’« effectivité », c’est-à-dire la capacité d’un gouvernement à assurer la sécurité et l’ordre et à assumer ses responsabilités internationales, sera également un critère déterminant.

Le Canada sur la scène internationale : pas un pionnier, mais en quête d’influence

Il est important de noter que le Canada n’est pas un pionnier dans cette démarche. Plus de 140 États reconnaissent déjà la Palestine avec un statut étatique. Par conséquent, cette annonce ne devrait pas créer un « effet d’entraînement » spectaculaire sur la scène internationale, car la très grande majorité des États ont déjà franchi le pas.

Bien que le Canada soit un pays du G7, il n’est pas considéré comme une « grande puissance mondiale » au même titre que les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni. Il est plutôt qualifié de « puissance moyenne ». Cependant, ce geste, même s’il n’est pas révolutionnaire en termes de nombre de reconnaissances, pourrait avoir des implications stratégiques pour le Canada. Le pays a perdu une part de son influence internationale ces dernières années, notamment en échouant à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette reconnaissance pourrait permettre au Canada de retrouver des appuis diplomatiques subséquents et de rehausser son influence dans le monde. Historiquement, le Canada a toujours eu la capacité d’influencer de grandes questions internationales, et ce geste pourrait être un levier pour retrouver une partie de ses atouts diplomatiques passés.

En somme, la reconnaissance canadienne de l’État palestinien est un mouvement diplomatique calculé, aligné sur des positions européennes et des principes de longue date, tout en servant potentiellement les intérêts du Canada de regagner de l’influence sur la scène internationale.

Pas encore de commentaires.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.