Des annonces vantant des « vacances relaxantes à proximité de la nature sauvage » ou des « appartements neufs magnifiques et lumineux » fleurissent sur les plateformes mondialement connues telles qu’Airbnb et Booking.com. Ces descriptions dithyrambiques dissimulent cependant une réalité troublante : ces hébergements sont situés en Cisjordanie occupée, dans des colonies israéliennes que le droit international juge illégales. Neve Daniel, Ovnat, Gitav – toutes ces colonies ont été fondées après 1967 sur des territoires volés aux Palestiniens, placés sous surveillance armée et dont l’accès est souvent limité, voire interdit, à leurs légitimes propriétaires.
L’expansion du « tourisme d’occupation »
Alors que l’usage de l’eau est drastiquement restreint pour les Palestiniens derrière les barrières, les piscines et les saunas poussent comme des champignons dans ces colonies. Malgré une campagne de boycott initiée par l’association BDS, le nombre de propositions d’hébergement n’a cessé d’augmenter. Sur la seule plateforme Airbnb, leur nombre est passé de 139 en 2016 à 350 en 2025, comme l’indique Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires occupés, qui qualifie cette pratique de « tourisme d’occupation ».
Depuis 2020, Booking.com et Airbnb figurent d’ailleurs dans le répertoire du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, qui dénonce les activités de près d’une centaine d’entreprises dans les territoires occupés.
Condamnations internationales et actions en justice
L’illégalité des colonies israéliennes a été maintes fois rappelée par la justice internationale. Dans son arrêt du 19 juillet 2024, la Cour Internationale de Justice a exigé l’arrêt de ces pratiques dans les plus brefs délais, ordonnant l’évacuation des colons et la réparation des préjudices infligés aux Palestiniens.
Face à cette situation, la pression exercée par plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) s’intensifie autour de ces plateformes. En 2023, des collectifs d’associations ont déposé deux plaintes, notamment devant le procureur des Pays-Bas, pour blanchiment de crimes de guerre. En France, le collectif Juriste s’apprête également à saisir la justice civile.
Les réponses des plateformes et la réalité sur le terrain
Depuis 2019, les deux plateformes prétendent prendre des mesures. Booking.com précise désormais sur ses annonces que les logements se trouvent en « Palestine, dans des colonies israéliennes ». Quant à Airbnb, elle affirme reverser l’intégralité des bénéfices réalisés en Cisjordanie occupée à l’Institut pour l’Économie et la Paix, un think tank australien qui publie chaque année un index global de la paix.
Cependant, ces gestes sont perçus comme gravement insuffisants au regard de la situation sur le terrain. Entre octobre 2023 et le 1er juillet 2025, 1000 Palestiniens, dont 202 enfants, ont été assassinés en Cisjordanie occupée. À Gaza, le génocide se poursuit. En Cisjordanie, l’occupation ne cesse de s’étendre, tout comme les crimes qui l’accompagnent. Pendant ce temps, les plateformes continuent de promettre aux voyageurs des « oiseaux qui chantent » le matin, ignorant la tragédie humaine qui se déroule en toile de fond.
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