Pourquoi le combat pour la palestine est notre combat : éclairages de pierre stambul

Une voix essentielle pour la paix et la justice

Pierre Stambul, figure emblématique et coprésident de l’Union juive française pour la paix (UJFP), a récemment partagé ses réflexions précieuses lors d’une interview. L’UJFP est une organisation reconnue pour son travail remarquable dans la lutte contre la propagande et l’analyse du fonctionnement impérialiste de l’État israélien. Ils vont même jusqu’à avoir des correspondants à Gaza et organiser des actions humanitaires et politiques sur place, offrant une perspective unique et un soutien concret.

George ibrahim abdallah : une libération symbolique

L’interview de Pierre Stambul a eu lieu au lendemain d’une annonce capitale : la libération de George Ibrahim Abdallah. Ce militant libanais communiste, fervent défenseur de la cause palestinienne, a passé plus de quarante ans en prison en France. Pierre Stambul, qui connaît et échange régulièrement avec lui, a exprimé son immense bonheur face à cette nouvelle.

George Ibrahim Abdallah, un marxiste convaincu d’origine chrétienne, a combattu pendant la guerre civile du Liban au sein du FPLP. Il a fondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), un groupe qui a agi en Occident en réponse à la tentative franco-américaine d’imposer un régime fantoche au Liban. En 1983 à Paris, son groupe a tué un agent de la CIA et un agent du Mossad. Bien qu’il ait été libérable dès 1999, de nombreuses manœuvres ont empêché sa sortie, y compris le refus de Manuel Valls de signer un papier d’expulsion. Sa libération est désormais définitive, et des dizaines de milliers de personnes sont attendues à Beyrouth pour l’accueillir, même s’il devra probablement rester discret en raison des menaces.

La complicité des médias face au génocide

Pierre Stambul dénonce avec force la ligne éditoriale unifiée des médias, qui s’acharnent contre les résistants et les opposants à la politique de l’État israélien, particulièrement depuis les événements du 7 octobre. Selon lui, le génocide en cours serait impossible sans la complicité des dirigeants mondiaux et des médias.

Il raconte comment, au lendemain du 7 octobre, les rares journalistes qui le contactaient commençaient systématiquement par lui demander s’il condamnait les « attentats terroristes du Hamas ». Il explique avoir passé un quart d’heure à déconstruire cette question, insistant sur le fait que le 7 octobre était d’abord une « sortie de la cage » et que les vrais responsables étaient ceux qui avaient enfermé le peuple palestinien. Ses réponses n’intéressaient pas et n’étaient pas publiées.

Par contraste, Al Jazeera diffusait en direct les images des hôpitaux bombardés, des enfants ensanglantés et des cadavres, des images auxquelles les journalistes occidentaux avaient accès mais qu’ils n’ont pas montrées. Pierre Stambul déplore la diffusion massive de fausses informations, comme les « 40 bébés décapités » ou les « femmes éventrées », des allégations démenties quelques jours plus tard mais largement reprises. Il souligne la responsabilité individuelle de la plupart des journalistes pour avoir manqué à la déontologie la plus élémentaire. Alors que cent journalistes de La Provence ont écrit une lettre déplorant le décès de plus de 220 journalistes à Gaza – un chiffre supérieur au total des journalistes morts au 20e siècle –, cette lettre a dû être publiée par Mediapart, et non par le quotidien lui-même. La parole n’est presque jamais donnée aux voix juives critiques du sionisme, sauf de rares exceptions, et les médias alimentent l’idée d’une guerre religieuse ou communautaire plutôt qu’une guerre coloniale.

L’engagement antisioniste de l’ujfp

L’UJFP est une association juive antisioniste depuis environ quinze ans. Leur conviction est qu’il ne peut y avoir de paix avec le sionisme, tout comme il n’y en a pas eu avec l’apartheid en Afrique du Sud. Ils sont antisionistes parce que juifs, considérant le sionisme comme non seulement un crime contre les Palestiniens, mais aussi une injure à leur histoire, leur mémoire et leur identité.

Leur action se concentre sur deux terrains principaux : le soutien à la Palestine et l’antiracisme. Depuis 2016, ils ont noué des liens étroits avec les dirigeants de tous les partis politiques de Gaza et particulièrement avec les paysans du sud-est de la bande de Gaza. Leurs actions concrètes incluent l’envoi de centaines de milliers d’euros à Gaza depuis le début du génocide, utilisés pour des repas collectifs, l’aménagement de tentes, l’habillement et la scolarisation des enfants, ou encore le redémarrage de l’agriculture dans les poches où cela reste possible. Leur objectif est de faire vivre cette société palestinienne, que le sionisme cherche à transformer en « Amérindiens du Proche-Orient ». L’UJFP est également solidaire de toutes les parties fragmentées de la Palestine, de la Cisjordanie aux Bédouins du désert, en passant par les Palestiniens d’Israël.

Sur le volet antiraciste, l’UJFP dénonce le racisme sous toutes ses formes – anti-arabe, anti-noir, anti-rom, islamophobie ou antisémitisme – et s’insurge contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme. Ils rappellent que l’antisémitisme historique a frappé les Juifs « paria » en Europe, jamais les Juifs « colons », et que les antisémites et les sionistes ont toujours été d’accord sur un point essentiel : le départ des Juifs d’Europe. L’UJFP a d’ailleurs publié un livre collectif intitulé « Antisionisme, une histoire juive ».

Les défis financiers sont croissants pour l’UJFP, car le système bancaire européen, jugé complice du génocide, tente d’interdire les transferts de fonds vers Gaza. Néanmoins, l’association s’efforce de trouver des solutions. Elle est également sous la menace de dissolution, comme l’a été Urgence Palestine.

Un combat pour nos droits fondamentaux

Pierre Stambul alerte sur les implications plus larges de la situation actuelle. Selon lui, nous entrons dans une ère de « choc des civilisations », préparant à la guerre. La politique actuelle, qui consiste à asphyxier la santé, l’éducation et les services publics en France pour financer une armée, est symptomatique de cette dérive. L’histoire a montré que cette armée a toujours été utilisée contre les peuples, de la Kanak à la France-Afrique, en passant par la guerre d’Algérie.

Le message final de Pierre Stambul est clair et puissant : lutter pour les droits du peuple palestinien n’est pas un acte annexe, c’est lutter « pour notre peau ». Si les droits fondamentaux sont perdus en Palestine, cela mènera à une loi de la jungle généralisée, affectant aussi bien les guerres contre les peuples que les guerres sociales. Le soutien aux droits du peuple palestinien est fondamental et indissociable des autres revendications sociales. C’est un combat universel qui nous concerne toutes et tous.

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