Dans une intervention d’une rare intensité à la tribune des Nations Unies, la présidente de la Slovénie, Nataša Pirc Musar, a livré un réquisitoire sans concession contre l’échec des institutions internationales et la faillite morale des dirigeants mondiaux. Son discours, marqué par des mots forts et un appel urgent à l’action, a secoué l’Assemblée générale.
« Nous n’avons pas arrêté l’Holocauste, nous n’avons pas arrêté le génocide au Rwanda, nous n’avons pas arrêté le génocide à Srebrenica. Nous devons arrêter le génocide à Gaza. Il n’y a plus d’excuses. Aucune », a-t-elle martelé, posant d’emblée le ton d’une allocution historique.
Un ordre mondial au bord du gouffre
La présidente a dressé un tableau sombre des piliers de l’ordre international. Elle a dénoncé un Conseil de sécurité qui, au lieu d’être un modèle, est paralysé par les intérêts personnels de certains de ses membres permanents. Le droit international lui-même semble, selon elle, « au bord de l’insignifiance », avec des juges et des procureurs de la Cour pénale internationale intimidés et sanctionnés pour avoir simplement cherché à faire leur travail.
Face à ce constat alarmant, elle a posé une question rhétorique poignante : quel monde laissons-nous à nos enfants ? Allons-nous leur dire que la force prime le droit, que les puissants peuvent tuer, polluer et bafouer les lois internationales en toute impunité parce qu’ils le peuvent ? Pour Nataša Pirc Musar, cette réalité n’est pas une fatalité acceptable.
Des propositions audacieuses pour refonder le système
Loin de se contenter d’un simple constat, la présidente slovène a avancé des propositions concrètes et audacieuses pour réformer le système. Elle a appelé à la création d’un « Forum mondial pour l’avenir », un mouvement inclusif d’États, mais aussi de citoyens, d’artistes et d’influenceurs, engagés dans la défense du multilatéralisme et du respect mutuel.
Parmi ses propositions phares :
1. Réformer le Conseil de sécurité : Elle suggère que l’Assemblée générale demande un avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur la légitimité du droit de veto lorsqu’il est utilisé pour bloquer des actions visant à prévenir un génocide ou des crimes contre l’humanité.
2. Instaurer une véritable équité des genres : Soulignant qu’aucune femme n’a jamais dirigé l’ONU en 80 ans, elle a appelé à l’élection d’une Secrétaire générale à la fin de la session actuelle, comme un premier pas vers une transformation systémique plus profonde.
La responsabilité de tous face à l’inhumain
Nataša Pirc Musar a également fustigé l’utilisation de la faim comme arme de guerre, qualifiant d’« inhumain » le fait de cibler des femmes et des enfants en les affamant. Elle a insisté sur la responsabilité partagée de tous les dirigeants – chefs d’État, PDG d’entreprises, et chaque individu en position de pouvoir.
« Si nous, les dirigeants de cette planète, ne pouvons offrir que la terreur, les conflits, la pollution, la peur et la guerre à 8 milliards de personnes, alors nous devons affronter la vérité : nous sommes complices de crimes contre notre civilisation et notre planète », a-t-elle déclaré.
Son discours s’est achevé comme il avait commencé, par un rappel des échecs passés face aux génocides, et un plaidoyer vibrant pour que l’histoire ne se répète pas à Gaza. Un message puissant qui résonne comme un appel urgent à la conscience et à l’action collective.
Pas encore de commentaires.