Gaza : 15 minutes pour fuir, entre bombardements et famine, le témoignage d’un habitant

Vivre sous la menace : le récit d’une évacuation forcée à gaza

La vie quotidienne à Gaza est rythmée par l’incertitude et la peur, comme en témoigne Rami Aboujamousse, un journaliste indépendant résidant dans la ville de Gaza. Il a récemment été le témoin direct de l’attaque d’une tour d’habitation, la tour Al-Mouta, et partage une réalité où la survie est un combat de chaque instant.

L’évacuation d’une tour : la panique en quinze minutes

Les événements se sont déroulés en plein milieu de journée. Une annonce des « portes d’enfer » a été suivie, cinq minutes plus tard, d’avertissements directs aux habitants de la tour Al-Mouta pour qu’ils évacuent immédiatement. Quinze minutes après, des « missiles d’avertissement » ont été lancés, puis, seulement cinq minutes plus tard, la tour entière était détruite. Cette séquence rapide a plongé les résidents dans la panique. Avec si peu de temps pour réagir, beaucoup ont été contraints de jeter leurs affaires par les fenêtres et balcons, ne pouvant emporter que le strict nécessaire. La majorité des habitants de cette tour étaient déjà des personnes déplacées, se retrouvant une fois de plus à la rue, soit environ 40 familles.

La peur au quotidien : « bientôt, ce sera notre tour »

Le sentiment d’insécurité est omniprésent à Gaza. Rami Aboujamousse lui-même habite une tour à seulement quelques centaines de mètres de celle qui a été frappée. Il confie avoir commencé à préparer ses valises, descendant déjà des vêtements pour ses enfants, car la menace d’un bombardement plane sur chaque immeuble de l’ouest de Gaza. Sa propre tour, forte de 13 étages, abrite environ 44 familles, soit près de 1 000 personnes, y compris des déplacés. Le dilemme est déchirant : où aller ? Le sud et l’ouest de la ville de Gaza sont saturés, ne laissant aucune place pour les nouvelles victimes de déplacement.

Au-delà des destructions matérielles, la perte est aussi profondément personnelle. Rami évoque l’impossibilité de sauver ses souvenirs, ses albums photo, ses diplômes, tout ce qui constitue l’histoire d’une famille, et qui disparaît en quelques secondes. « Bombarder une maison, ce n’est pas juste des bétons qui vont être détruits, mais c’est toute l’histoire d’une famille », explique-t-il.

Une crise humanitaire persistante : famine et manque de soins

En parallèle des bombardements, la bande de Gaza est ravagée par la famine et la malnutrition. L’aide humanitaire, qui n’atteint qu’entre 90 et 100 camions par jour, est largement insuffisante face aux besoins colossaux de la population. Une partie de cette aide provient du secteur privé, rendant les produits (conserves, riz, pâtes) inabordables pour la majorité des habitants, qui dépendent entièrement de l’aide gratuite.

La situation sanitaire est tout aussi critique. Les hôpitaux ne disposent pas des moyens ni des médicaments spécifiques pour traiter la malnutrition. Chaque jour, des vies sont perdues, en particulier parmi les plus vulnérables : les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Le témoignage de Rami Aboujamousse peint le tableau déchirant d’une population prise au piège, confrontée à la double menace des destructions physiques et d’une catastrophe humanitaire rampante.

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