Le 28 juillet dernier, la Cisjordanie a été le théâtre d’un événement tragique qui a ravivé la douleur et la colère au sein de la population palestinienne. Dans le village d’Al-Kair, près d’Hébron, une confrontation a éclaté lorsqu’un engin de chantier conduit par des colons israéliens a endommagé des terres palestiniennes, déracinant des arbres. Les habitants, dont le militant Awdah Hathaleen, se sont interposés, mais la situation a dégénéré en tirs, coûtant la vie à Awdah, âgé de 31 ans.
La scène, filmée et partagée des millions de fois sur les réseaux sociaux, montre la brutalité de l’incident. Awdah Hathaleen était une figure connue dans la région, un militant actif qui avait notamment contribué au documentaire oscarisé « Noel », consacré à la lutte palestinienne. Son décès a été rapidement dénoncé par ses proches et par des organisations, dont le coréalisateur Bassel Adra, qui a souligné que « c’est ainsi qu’Israël nous efface, une vie après l’autre ».
Le suspect rapidement identifié : Yinon Levi
Le présumé tireur a été rapidement identifié par des associations palestiniennes et israéliennes comme étant Yinon Levi, un colon bien connu des autorités. Issu de la ferme de Métarim, un avant-poste de la colonisation dans le sud de la Cisjordanie, Levi n’est pas un inconnu. Il avait déjà été sanctionné en 2024 par plusieurs entités internationales, dont les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada, pour ses agissements. Bien que l’administration Trump ait retiré son nom de la liste des sanctions américaines, le ministère de l’Économie française justifie toujours le gel de ses avoirs par « de multiples actes de violence contre les villages palestiniens ».
Les accusations portées contre Yinon Levi sont graves et nombreuses. Il est notamment accusé d’avoir pris d’assaut et saccagé des maisons de famille palestiniennes, y compris en présence de femmes et d’enfants. Il est également soupçonné d’avoir lâché ses chiens sur des bergers palestiniens pour les attaquer physiquement, tout en faisant paître son troupeau sur leurs terrains privés. Des témoignages recueillis par le journal britannique The Guardian en mars 2024 l’accusaient personnellement de destruction de terres agricoles et de déracinement d’oliviers. Des ONG israéliennes de défense des droits de l’homme, Breaking the Silence et Mistaclim, ont même filmé ses méthodes d’intimidation et celles des autres colons de sa communauté.
Un symbole d’impunité et de violence croissante
Le meurtre d’Awdah Hathaleen est rapidement devenu un symbole de la haine qui s’abat sur les Palestiniens, mais aussi de l’impunité dont jouissent souvent les colons israéliens. La France a d’ailleurs qualifié cet acte de terrorisme. Le ministre des Affaires étrangères avait déjà dénoncé devant l’ONU, le 28 juillet, la menace que représentent ces colons extrémistes qui, « de colline en colline, arrachent les oliviers, brûlent les récoltes et chassent les Palestiniens de chez eux, avec la complicité coupable des autorités israéliennes ».
Depuis octobre 2023, l’ONU a recensé plus de 700 attaques de colons israéliens en Cisjordanie, qui ont causé la mort de 17 Palestiniens. Dans le cas d’Awdah Hathaleen, Yinon Levi a été entendu par la police mais, à ce jour, il ne fait face à aucune accusation. Un juge a même décidé qu’il pouvait retourner chez lui, en détention à domicile, en attendant la suite de l’enquête. Cette situation soulève de sérieuses questions sur la justice et la protection des droits humains dans la région, alors que le climat en Palestine reste marqué par la violence et l’incertitude.
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