Frères et sœurs, peuple d’Afrique, peuple du monde,
L’ancien président américain Donald Trump a présenté un plan qu’il nomme audacieusement un « plan de paix » pour la Palestine et le Moyen-Orient. Il le couvre de mots clinquants, de présentations soignées et de promesses de prospérité et d’investissement. Mais, en retirant l’emballage et en examinant sa substance, nous nous apercevons qu’il ne s’agit pas de paix. C’est de la domination, c’est l’humiliation déguisée en réconciliation. C’est forcer un peuple à accepter des chaînes pour ensuite se faire dire que ces chaînes sont des bracelets d’or.
Ce n’est pas la paix. La paix ne se construit pas lorsque le plus fort dicte chaque ligne et que le plus faible est seulement tenu de signer.
La paix du geôlier et l’arrogance de l’empire
La paix n’est pas le silence des opprimés. C’est la justice qui leur permet de se tenir debout. Le plan de paix proposé est un diktat. Il est écrit dans les bureaux de Washington et dessiné sur des cartes à des milliers de kilomètres, loin du sol de la Palestine et de la volonté de son peuple.
L’histoire est claire : ce pacte n’est pas celui des opprimés. Il n’est pas conçu pour le citoyen de Gaza qui s’endort au bourdonnement des drones, ni pour le réfugié qui porte la clé de sa maison volée depuis 70 ans. Cet accord est écrit pour les puissants, pour l’occupant qui souhaite se laver les mains de toute culpabilité tout en conservant les terres qu’il a volées. C’est la vieille arrogance de l’empire, consistant à décider pour les autres, prétendre savoir ce qui est le mieux pour eux tout en les réduisant au silence.
Ils appellent cela l’affaire du siècle, mais ce n’est rien d’autre que la trahison d’un siècle. C’est un contrat de capitulation. C’est la paix du geôlier fermant la cellule et ordonnant aux prisonniers de se taire. C’est le silence des tombes.
L’illusion de l’État et la fausse monnaie économique
Le plan est truffé de failles, dont la plus large est l’illusion d’un État. On parle d’offrir un État, mais ce n’est pas un État du tout. Un État qui ne contrôle ni ses frontières, ni son espace aérien, ni sa sécurité, ni ses relations commerciales, n’est pas un État : c’est une prison avec un drapeau. Il s’agit d’une continuation raffinée de l’occupation sous un autre nom.
Une autre échappatoire est la promesse de miracles économiques : des milliards de dollars, des investissements. Nous, en Afrique, connaissons déjà cette histoire. On nous a dit : « Laissez-nous contrôler vos ressources et nous apporterons le développement. » La richesse a quitté notre territoire, la pauvreté est restée. La même histoire est répétée en Palestine : renonce à tes droits, accepte des colonies permanentes, et en échange, nous te construirons des routes. Mais les promesses économiques ne peuvent remplacer la justice. Une usine ne peut se substituer à la liberté.
Le réalisme de l’empire et la légalisation du vol
Ce plan cherche à consolider l’injustice en arrangement permanent, le vol légalisé. Il prétend reconnaître la « réalité du terrain », une réalité pourtant créée par les bulldozers, les murs et les soldats armés. Est-ce de la justice si un voleur s’introduit chez vous et vous propose ensuite de l’argent pour garder le silence ?
Ils appellent cela du « réalisme », mais ce n’est pas le réalisme de la coexistence. C’est celui de l’empire, celui qui affirme que la force fait le droit, que le faible doit s’incliner devant le fort. C’est une tentative de sacraliser le vol, d’apposer un sceau de légitimité sur des terres volées. On ne peut pas baptiser l’occupation du langage de la paix et espérer qu’elle soit acceptée.
Quant à Jérusalem, la refuser au peuple palestinien, c’est lui nier son cœur. Il n’appartient ni à un homme, ni à un État, ni à un empire de la monopoliser.
La feuille de route africaine pour une paix véritable
L’Afrique connaît ce jeu à la perfection. On nous a dit d’abandonner notre souveraineté au nom de la modernisation. Chaque fois que nous avons capitulé, nous avons perdu davantage. C’est pourquoi le Burkina Faso et l’Afrique se tiennent aux côtés des peuples qui refusent un avenir où leurs enfants grandissent derrière des murs.
Pour que la paix soit réelle, elle doit reposer sur la justice, l’égalité et la reconnaissance mutuelle, et non sur l’imposition. Si l’Occident aspire véritablement à la paix, nous proposons un cadre :
1. Reconnaître la pleine souveraineté des Palestiniens, non pas en un ensemble d’enclaves, mais en un État qui contrôle ses frontières, son air, son eau et ses ressources.
2. Démanteler les colonies. On ne peut négocier son avenir tant qu’un bulldozer est à sa porte.
3. Assurer le partage de Jérusalem, traitée comme une ville de toutes les confessions et non comme la possession d’une seule.
4. Garantir le droit des réfugiés au retour ou à une indemnisation digne.
Ces exigences ne sont pas irréalistes. Ce qui est irréaliste, c’est de penser pouvoir construire la paix sur l’oppression. L’Afrique est prête à jouer son rôle de médiateur incorruptible, qui ne privilégie pas les intérêts commerciaux à la justice.
Jusqu’à ce que les chaînes soient retirées et que ce qui a été volé soit restitué, il n’y aura pas de paix. Il n’y aura que la résistance et les cris inflexibles d’un peuple qui refuse de disparaître. La dignité ne s’achète pas. Nous continuerons tous à dire d’une seule voix : « Ce n’est pas la paix, c’est une capitulation, et nous la rejetons. »
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