L’annonce d’une réouverture du passage de Rafah pourrait suggérer un geste d’humanité. Cependant, l’analyse de cette décision révèle un niveau de cynisme jamais atteint. La question fondamentale demeure : pourquoi, à chaque fois qu’il est question d’une ouverture à Gaza, l’objectif est de faire sortir les Palestiniens et jamais de les sauver ?
Il est crucial de comprendre que cette « ouverture » n’est pas un corridor humanitaire normal ; c’est une porte unique qui ne fonctionne que dans un sens. Le passage rouvrira uniquement pour permettre aux Palestiniens de quitter Gaza. Il n’est pas question d’y entrer, ni d’y ramener des familles. Le passage de Rafah ne servira pas non plus à faire passer des médicaments, de l’aide ou toute autre forme de ravitaillement.
Le processus de sortie est extrêmement strict. Chaque personne souhaitant partir doit être validée par Israël et par l’Égypte. De plus, l’ensemble du flux sera surveillé par une mission européenne. Plutôt que de gérer une population piégée, on semble gérer un simple flux de fuite. Aucune information claire n’est disponible sur les critères d’éligibilité, la durée de cette mesure ou le nombre de personnes autorisées à partir. Appeler cela une « avancée humanitaire » relève d’un corridor vers nulle part.
Dans un territoire où deux millions de personnes sont encerclées, bombardées, affamées et suffoquent, on leur offre comme seule perspective de pouvoir partir, mais seulement si une autorisation est donnée. Un génocide ne se résume pas uniquement à tuer ; il inclut aussi le fait de pousser un peuple à disparaître sans qu’une seule balle ne soit tirée. Lorsque le monde accepte qu’une population n’ait plus que la sortie comme avenir, cela signifie qu’un élément essentiel s’est brisé dans notre humanité collective.
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