Quand l’histoire refuse de mourir : la géographie comme mémoire et non comme carte

Le piège des revendications historiques lointaines

Une information récente est particulièrement troublante : de jeunes colons israéliens, se présentant comme des pionniers, ont annoncé leur intention de se rendre en Syrie pour y reconquérir ce qu’ils considèrent comme leur terre. Au-delà des considérations géopolitiques, religieuses ou légales du conflit, cette annonce pose une question fondamentale : qu’arrive-t-il lorsqu’un groupe revendique un territoire au nom d’un passé très lointain ?

Le problème est que, dans ces circonstances, la géographie cesse d’être une carte et devient une mémoire. Et cette mémoire est, historiquement, le point de départ des guerres sans fin.

Quand l’histoire justifie la violence

Lorsque la croyance s’installe qu’une terre appartient de droit à un groupe parce qu’elle lui aurait appartenu il y a trois mille ans, alors toute action devient potentiellement légitime. Sous cette logique, l’histoire n’est plus un avertissement, mais un argument pour la domination.

Cette mentalité peut justifier l’occupation, la violence, l’expulsion, et même l’effacement de ceux qui habitent déjà les lieux. C’est le mécanisme par lequel les mythes se transforment en frontières. Lorsque les mythes dirigent la perception du territoire, les frontières physiques perdent de leur réalité, et le cycle de la violence reprend pour réécrire le présent.

La nostalgie contre le futur

C’est ici que réside la question essentielle pour toute civilisation : une société peut-elle réellement survivre et prospérer si sa vision du futur est construite uniquement sur la nostalgie du passé ?

L’histoire doit être vue comme une source de leçons et d’avertissements, et non comme un motif ou une justification pour revendiquer un contrôle. Si nous ne comprenons pas la puissance avec laquelle les mythes gouvernent les actions humaines et la géopolitique, nous courons le risque constant de nous retrouver gouvernés par ces mythes, sans même en avoir conscience.

Pas encore de commentaires.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.