Gaza : la nouvelle frontière qui empêche le retour

Depuis l’adoption de la première phase d’un plan de paix le 9 octobre dernier, les habitants de Gaza font face à une nouvelle réalité imposée par l’armée israélienne : la « ligne jaune ». Cette démarcation, que des observateurs comme Marmou Alchebraoui, un activiste de Jabalia, décrivent comme une limite invisible mais infranchissable, matérialise la zone d’où l’armée israélienne s’est retirée.

Cependant, malgré ce retrait partiel, la zone couverte par cette ligne représente encore plus de la moitié de l’enclave. L’armée a explicitement ordonné aux Gazaouis de ne pas la franchir, bloquant ainsi des centaines de milliers d’habitants dans l’impossibilité de regagner leurs foyers. La zone toujours occupée par Israël inclut des points stratégiques tels que Rafah et plusieurs quartiers de Gaza-Ville. Des civils, comme cet observateur qui a dû quitter sa ferme dans le nord de Gaza, restent coincés dans des tentes, par exemple à Der el-Bala, du fait de la présence militaire et des risques d’attaques pour quiconque tente de s’approcher de sa ville.

L’impact dévastateur sur l’aide et l’agriculture

L’instauration de la ligne jaune a des conséquences directes et dramatiques sur la survie des populations. Elle coupe l’accès à des infrastructures vitales pour l’effort humanitaire. Selon l’organisation israélienne Guicha, qui œuvre pour la liberté de mouvement des Palestiniens, la zone interdite comprend des actifs logistiques essentiels, notamment des entrepôts et des infrastructures de distribution d’eau et d’assainissement, souvent utilisés par l’ONU et d’autres organisations non gouvernementales.

L’économie agricole est également mise à mal. Avant le conflit, plus de 41 % des terres de Gaza étaient utilisées à des fins agricoles, principalement le long des bordures nord et est. Ces zones se trouvent désormais au-delà de la ligne jaune. Empêcher les agriculteurs d’accéder à cette ceinture orientale revient à prolonger et à aggraver la crise d’insécurité alimentaire qui sévit déjà dans la région.

Une zone temporaire sous haute tension

Loin d’être une simple limite administrative, la ligne jaune est une zone de danger mortel. Entre le 10 et le 15 octobre, le NU a rapporté qu’au moins 15 personnes ont été tuées à proximité de la ligne.

La situation s’est intensifiée avec l’installation de blocs de béton le 17 octobre à plusieurs endroits, notamment dans le nord de l’enclave, près de Deir el-Bala et de Khan Younès. L’armée israélienne a clairement averti que toute tentative de franchissement serait réprimée par des tirs. Selon les critiques, cette démarcation est floue, exposant directement les civils palestiniens au danger des tirs israéliens.

Bien que cette ligne jaune soit censée être temporaire et représente la première des trois lignes de retrait successives prévues dans le plan de Donald Trump, aucun calendrier n’a été communiqué à ce jour concernant les deux phases suivantes. Cette incertitude prolonge l’exil forcé de milliers de familles et maintient l’enclave dans une situation humanitaire extrêmement précaire.

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