Il est frappant de constater que Gaza a largement disparu des préoccupations médiatiques. Pourtant, la guerre est loin d’être terminée, et les violations de l’accord de cessez-le-feu se multiplient.
Un accord de cessez-le-feu avait été signé en octobre dernier, mais il a été violé par Israël à 282 reprises, entraînant le décès de 242 personnes. Malgré ces événements graves, l’analyse du média Politice révèle que Gaza a eu droit à moins de trois minutes de couverture totale à travers 56 journaux télévisés français. France 3 n’a d’ailleurs accordé aucune seconde à la violation de cet accord de paix.
L’omerta sur Gaza ne se limite pas au manque de temps d’antenne; elle concerne aussi le contenu. Lorsque Gaza est évoquée, la légitimité est souvent accordée aux sources officielles israéliennes qui justifient ces violations par les attaques du Hamas. Surtout, les victimes palestiniennes sont déshumanisées. On ne voit pas leurs visages, on ne connaît pas leurs noms ni leurs histoires, et leurs familles ne témoignent pas, contrairement aux otages israéliens qui prennent directement la parole. Les rapports locaux font état de 88 tirs sur des civils, 124 bombardements, 52 démolitions de maisons, et 12 incursions israéliennes au-delà de la ligne jaune qui confine les Gazaouis dans seulement 42 % de leur territoire.
Le plan de paix est un échec
La réalité est que le plan de paix initié par Trump est un échec. L’aide humanitaire, pilier central de ce plan, n’atteint pas les habitants. Sur un mois, seuls 3 451 camions d’aide ont pu passer, un chiffre très éloigné du minimum vital prévu pour nourrir la population. De plus, les familles reçoivent surtout des boissons sucrées et des snacks, ce qui ne suffit pas à alimenter une population entière.
Un point rarement repris par les médias français concerne l’accord prévoyant le retour des corps palestiniens détenus par Israël. Al Jazeera rapporte que certains corps n’ont jamais été rendus, et que d’autres sont rendus mutilés.
Impasse diplomatique et menaces ouvertes
Le plan de paix voté par l’ONU, qui appelle au désarmement du Hamas, au retrait israélien de l’enclave et au déploiement d’une force internationale de stabilisation, reste très flou, notamment sur la création d’un État palestinien crédible.
Face à ces imprécisions, la mission russe à l’ONU a déposé une contre-proposition qui appelle explicitement à la création d’un État palestinien. Cependant, si le Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissait la Palestine, l’État israélien pourrait ne pas l’accepter, proférant même des menaces. Si la Palestine était reconnue par l’ONU, le ministre de l’Intérieur a appelé à arrêter Mahmoud Abbas et à assassiner d’autres responsables de l’Autorité palestinienne.
Pendant que l’attention mondiale est détournée, Israël envoie discrètement 154 Palestiniens par avion vers l’Afrique du Sud, ce qui suggère que le nettoyage ethnique se poursuit.
Censure et deux poids deux mesures
L’omerta n’est pas uniquement médiatique; elle est également académique. Le Collège de France a failli annuler un colloque scientifique sur l’Europe et la Palestine à la suite d’un article du Point et de pressions exercées par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le colloque a finalement pu se tenir, mais dans une salle plus petite et en visioconférence.
Dans la sphère culturelle, un incident a mis en lumière un double standard. La Philharmonie de Paris a accueilli un concert de l’orchestre philharmonique d’Israël, où l’hymne national israélien a été joué. Le directeur de la Philharmonie, Olivier Monteil, a insisté pour maintenir ce concert malgré le contexte. Des militants pro-palestiniens ont interrompu la représentation pour dénoncer la normalisation culturelle avec Israël. Certains spectateurs ont alors violemment frappé les militants avant l’intervention policière, qui a placé quatre des militants en garde à vue et les a mis en examen.
Il est à noter qu’en 2022, la Philharmonie de Paris avait annulé les concerts de l’orchestre du théâtre Mariinski et de Valery Gergiev en solidarité avec le peuple ukrainien. Cette même solidarité ne semble pas s’appliquer aux Palestiniens, dont le soutien est censuré pendant que d’autres sont mis en avant.
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