La façon dont nous nommons les événements influence profondément notre compréhension et notre approche politique face à ceux-ci. Depuis longtemps, la situation entre Israël et la Palestine est désignée dans le grand public comme le « conflit israélo-palestinien ». Cependant, cette terminologie est loin de refléter la réalité sur le terrain et permet d’éviter un débat essentiel.
Colonisation, et non conflit
Il est crucial de comprendre la différence entre un conflit et une colonisation. Lorsque l’on parle de conflit, on imagine généralement une confrontation entre deux parties égales, comme deux armées ou deux États qui n’arrivent pas à trouver un accord. Or, ce qui se déroule est décrit très différemment : il s’agit d’un état ultra armé face à un peuple désarmé.
D’après plusieurs analyses, cette dynamique de pouvoir déséquilibrée ne peut être qualifiée de conflit ; il s’agit en fait d’une colonisation. Maintenir l’appellation de « conflit » permet ainsi de ne pas aborder la question de la colonisation.
L’Union européenne, premier partenaire et facteur de silence
Si la réalité de ce qui se passe en Cisjordanie (Si-Jordanie) n’est pas largement connue du grand public, c’est en partie dû à des considérations économiques et politiques.
L’Union européenne est le premier partenaire économique et commercial d’Israël. Si l’on décidait de mettre la lumière sur les événements en Cisjordanie et de les identifier officiellement comme une colonisation, les acteurs internationaux, y compris l’Union européenne, se retrouveraient dans l’obligation de justifier pourquoi ils continuent à commercer de manière aussi privilégiée avec Israël.
Pour éviter d’ouvrir ce débat sur la colonisation et ainsi maintenir ces relations privilégiées, il est plus simple de taire ou de normaliser ce qui se passe. C’est en faisant comme si les événements étaient normaux, ou en s’y référant systématiquement comme un simple « conflit », que l’on parvient à maintenir le statut d’Israël en tant que premier partenaire économique de l’Union européenne.
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