Lors de la 80ème Assemblée générale des Nations Unies, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a livré un discours puissant et sans concession, plaçant la situation à Gaza au cœur d’un réquisitoire sévère contre l’inaction de la communauté internationale. S’exprimant au nom des 86 millions de citoyens turcs et en solidarité avec le peuple palestinien, il a dénoncé ce qu’il qualifie non pas de guerre, mais de « génocide ».
Gaza : un drame humanitaire filmé en direct
Le président Erdoğan a consacré la partie la plus intense de son allocution à la crise humanitaire à Gaza, qui dure selon lui depuis plus de 700 jours. Il a partagé des chiffres alarmants pour illustrer l’ampleur de la tragédie : plus de 65 000 victimes civiles, dont plus de 20 000 enfants. « Chaque heure qui passe, un enfant est assassiné par Israël à Gaza », a-t-il martelé, rappelant que derrière ces chiffres se trouvent des êtres humains innocents.
Au-delà des bombardements, il a accusé Israël d’utiliser la faim comme une arme de guerre, citant la mort de 428 personnes, dont 146 enfants, en raison de la famine. Pour appuyer son propos, il a évoqué des images insoutenables du quotidien des Gazaouis : des enfants amputés sans anesthésie, des familles déplacées en permanence sur un territoire de 365 km², et un système de santé totalement effondré où médecins, hôpitaux et ambulances sont délibérément ciblés.
Pour lui, il ne s’agit pas d’un combat contre le terrorisme, mais d’une « occupation », d’un « exil forcé » et de la « destruction de la vie à grande échelle ». Il a affirmé que les actions d’Israël ne se limitent pas à Gaza, mais s’étendent à la Cisjordanie et menacent la paix régionale en ciblant également la Syrie, le Yémen et le Liban.
Un appel à l’action et à la reconnaissance de la Palestine
Face à ce qu’il décrit comme un « massacre filmé et diffusé en temps réel », le président turc a appelé les dirigeants du monde à sortir du silence. Il a exhorté tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître l’État de Palestine, remerciant ceux qui ont déjà franchi ce pas.
Il a également lancé un message direct à ses homologues : « Le moment est venu d’agir. […] Toutes celles et ceux qui restent silencieux se rendent complices ». Saluant le courage des citoyens, activistes et universitaires qui manifestent à travers le monde pour soutenir la cause palestinienne, il a demandé aux chefs d’État de trouver en eux la force d’honorer leurs obligations envers Gaza.
Le tour d’horizon de la diplomatie turque
Au-delà de la question palestinienne, le discours d’Erdoğan a balayé de nombreux dossiers internationaux, illustrant le rôle de médiateur que la Turquie entend jouer sur la scène mondiale :
• Syrie : Il a salué le « nouveau chapitre » entamé par le peuple syrien et a appelé à une Syrie unie, libre et sans terrorisme.
• Ukraine et Caucase : Il a rappelé les efforts de médiation de la Turquie dans le conflit russo-ukrainien et s’est félicité des avancées vers une paix durable entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
• Chypre : Il a réaffirmé sa position en faveur d’une solution à deux États distincts sur l’île, appelant la communauté internationale à mettre fin à l’isolement des Chypriotes turcs.
• Relations internationales : Il a souhaité un « nouveau départ » dans les relations avec l’Union européenne et a souligné l’alliance stratégique avec les États-Unis au sein de l’OTAN.
Pour un ordre mondial plus juste
En conclusion, le président Erdoğan a réitéré son appel à une réforme profonde des Nations Unies avec sa célèbre formule : « le monde, c’est plus que cinq pays ». Il a plaidé pour un système international où la justice prévaut sur la puissance. Face aux défis globaux comme la montée de l’islamophobie, les dangers de l’intelligence artificielle ou la défense de l’institution familiale, il a affirmé que la Turquie continuerait de se battre patiemment pour bâtir un monde plus juste.
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