La notion d’utopie sioniste est-elle révolue, et qu’implique cette fin pour l’avenir d’Israël ? Cette question centrale se dégage d’un témoignage où la remise en cause du récit sioniste apparaît comme une expérience profondément personnelle et collective.

Le point de départ de cette réflexion fut la vision d’un film sur l’éducation en Israël, ravivant des souvenirs lointains. Pour la personne qui témoigne, le film a fait écho à ce qui lui avait été inculqué durant les vacances d’été dans des colonies juives, qu’il décrit comme étant peut-être plus sionistes que juives, ainsi qu’aux conversations familiales. Ces souvenirs sont marqués par une exaltation inconditionnelle d’Israël, accompagnée d’une « nazification » systématique de toute opposition, où des figures comme Nasser et Arafat étaient invariablement assimilées à Hitler. Ce constat fut un véritable choc cognitif : ce qui avait été perçu comme le discours particulier d’une famille se révélait être le narratif sioniste officiel.

Cette prise de conscience a été accélérée par des événements majeurs. L’Intifada, présentée comme une rébellion contre l’occupation, a notamment permis la découverte de l’existence palestinienne. Cette réalité, ignorée ou déformée auparavant, a brusquement mis en lumière les lacunes et les biais du récit sioniste. C’est à ce moment que le rideau s’est levé sur la complexité de la réalité israélo-palestinienne, forçant un éloignement définitif de cette vision initiale du monde. Ce basculement marque un tournant, signifiant la fin de l’utopie sioniste telle qu’elle était perçue et apprise.