Un discours récent de la présidente slovène a retenti comme un véritable séisme, interpellant l’Occident sur sa perception et sa gestion de la crise à Gaza. Avec une clarté et une fermeté rares, elle a pointé du doigt une amnésie collective et un dangereux double standard qui menacent les fondements mêmes de l’humanité et du droit international.

L’amnésie collective et les doubles standards

Vingt ans seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et trois décennies après le génocide de Srebrenica, dont les auteurs ont été traduits en justice, le monde semble avoir oublié l’urgence de prévenir les crimes les plus abominables. La présidente a souligné l’étonnante tolérance, voire la défense, de certaines politiques génocidaires contre les Palestiniens à Gaza par des politiciens, y compris au sein de l’Union européenne.

Alors que l’attaque terroriste du Hamas en octobre 2023 a été fermement condamnée par la communauté internationale, un tel consensus fait défaut face à la dévastation de Gaza. Comment accepter que la plupart des habitants aient été déplacés à plusieurs reprises, que plus de 90 % des maisons soient endommagées ou détruites ? Comment tolérer des pénuries aiguës de nourriture, d’eau, de carburant, de médicaments et d’abris, ou encore le fait que des travailleurs humanitaires et des médecins meurent de faim en tentant de porter secours ? La situation est telle que la ville de Gaza et ses environs sont officiellement en situation de famine. Des rapports alarmants évoquent même des négociations pour transférer des populations d’une terre dévastée par la guerre à une autre.

Gaza, un miroir de notre humanité

Pour la présidente slovène, la bande de Gaza et la Cisjordanie ne doivent jamais disparaître des projecteurs politiques, et ce pour plusieurs raisons fondamentales :

• Révélateur de notre identité : Gaza est devenu un symbole de nos attitudes face aux atrocités mondiales. Si nous sommes incapables d’agir à Gaza, quelle légitimité avons-nous pour affronter d’autres violations graves des droits de l’homme ailleurs ?

• Reflet de notre humanité : Lorsque l’Europe promeut les droits de l’homme comme des valeurs universelles, le pense-t-elle réellement, ou ne sont-ils qu’un outil de domination du discours politique ?

• L’indivisibilité de l’humanité : Nous sommes à juste titre unis pour condamner l’agression de la Russie contre l’Ukraine et défendre son intégrité territoriale. Les valeurs et les normes doivent s’appliquer partout et pour tous, y compris à Gaza. On ne peut permettre à un pays de s’emparer du territoire d’un autre ou de tuer des gens simplement parce qu’il le peut.

L’Europe face à ses responsabilités

L’Europe a le devoir de montrer son unité dans la défense de l’humanité. La réponse de l’Union européenne aux actions d’Israël à Gaza montrera au monde si la démocratie, l’unité, la diversité et la confiance dans le droit international restent au cœur de l’intégration européenne. Malheureusement, même en Europe, les attaques contre la démocratie et les libertés fondamentales sont visibles, avec une érosion de la liberté de pensée, de la liberté académique et du journalisme d’investigation. L’histoire nous enseigne que ceux qui répriment la liberté de pensée finissent toujours par tomber dans l’oubli.

Un appel à l’action et à l’espoir

Malgré ce constat alarmant, la présidente a exprimé des raisons d’être optimiste. Elle a appelé à soutenir des initiatives cruciales, telles que l’attribution du prix Nobel de la paix à Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la Cisjordanie et Gaza, et aux médecins qui prennent soin des habitants de Gaza. Ces individus incarnent le véritable sens du multilatéralisme et de la défense des droits humains.

Nous ne devons pas rester les bras croisés face à l’histoire qui se déroule. Il est temps de rejeter le « pragmatisme froid » qui viderait l’âme de l’Europe et de dire la vérité au pouvoir. Il s’agit de ramener l’unité dans la diversité au cœur du rêve européen. C’est en temps de crise et d’incertitude que notre courage et notre conviction sont réellement mis à l’épreuve. Il est impératif de s’exprimer haut et fort dans chaque forum multilatéral contre l’injustice, l’exclusion et chaque crime contre l’humanité.

En tant que dirigeants, nous façonnons l’avenir : soit un chemin vers la démocratie, la prospérité et la paix, soit une spirale vers la peur, la crise et la guerre. Des milliards de vies dépendent de ce choix crucial. La Slovénie, fermement attachée à la justice, se tiendra fièrement du côté de l’humanité.