Une nouvelle arme de l’État français : la répression par le levier bancaire
Ces dernières années, une tendance alarmante a émergé en France, où des associations et des individus se voient confrontés à la fermeture ou au gel de leurs comptes bancaires, souvent sans explication claire. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, semble être devenu un nouvel outil de répression utilisé par l’État contre ceux qu’il juge « indésirables » ou dont les activités ne s’alignent pas avec sa politique.
Des fermetures arbitraires et des soupçons infondés
Le témoignage de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) est éloquent. Après près de vingt ans de collaboration sans encombre avec le Crédit Coopératif, une banque pourtant réputée pour son engagement auprès des associations, l’UJFP a reçu en novembre 2024 un avis de fermeture de compte, sans motif. La réglementation bancaire permet une telle fermeture sans explication, sauf en cas de soupçon de soutien ou de financement du terrorisme. Cette nuance a immédiatement fait craindre à l’UJFP d’être associée à de telles accusations. Malgré des mois de lutte et de discussions, leur compte a été définitivement fermé le 11 juillet, laissant planer l’ombre d’une répression.
Ce cas n’est pas isolé. Omar Soumi d’Urgence Palestine et Ilias Dimzalen ont également vu leurs comptes gelés. Un événement similaire est survenu au Parti des Ingénieurs Publics il y a longtemps, sous la présidence de Hollande, où leur compte fut clôturé sous « pression politique » avouée par un banquier après insistance. Ces situations soulèvent de sérieuses questions sur la liberté d’action des banques et leur indépendance face au pouvoir.
Les associations musulmanes et les individus ciblés
La fermeture de comptes bancaires affecte particulièrement les associations musulmanes et les mosquées depuis une dizaine d’années, notamment depuis 2015. Des mosquées se sont retrouvées du jour au lendemain sans accès à leurs fonds, parfois même après avoir trouvé une nouvelle banque, le compte étant fermé de nouveau quelques semaines plus tard.
Des individus sont également visés. Un témoin dans la vidéo a raconté comment, après une perquisition et une plainte contre l’État, sa banque historique, la Société Générale, lui a signifié la fermeture de son compte sous 60 jours, sans aucune explication. Cette pratique semble être un moyen de « taper sur la tête des personnes qu’on n’aime pas ». Même les cagnottes de solidarité, comme celle ouverte pour soutenir un individu dans ses frais d’avocat, peuvent être bloquées sur ordre étatique, privant les personnes de l’aide à laquelle elles auraient droit. L’affaire Baraka City, qui a vu la confiscation de deux de ses bâtiments, est également citée comme un exemple extrême de cette répression financière.
Des conséquences kafkaïennes et un droit bafoué
Les conséquences de ces fermetures sont dévastatrices. L’argent reste souvent bloqué jusqu’à l’ouverture d’un nouveau compte, mais la recherche d’une nouvelle banque relève du parcours du combattant. L’UJFP, par exemple, a tenté des démarches en France, en Belgique, en Espagne, et même une piste norvégienne, car de nombreuses banques refusent d’emblée les virements vers la Palestine.
Si la Banque de France est censée garantir le « droit au compte » pour tout résident, elle ne peut imposer à une banque d’accepter des transferts spécifiques, ce qui crée une impasse pour les associations dont l’activité principale est précisément ces transferts. Cela place les individus et les organisations dans des situations « kafkaïennes », incapables de payer leurs dépenses essentielles comme le loyer, le téléphone, le gaz ou l’électricité.
Un État hors-la-loi et une justice à deux vitesses
Les intervenants de la vidéo dénoncent une véritable « complicité entre les banques et l’État » qui permet d’agir « à la marge du droit ». L’État, qui a renfloué les banques en 2008, exerce désormais une pression indue, allant à l’encontre même des principes du libéralisme économique qui prône l’indépendance des affaires par rapport au politique.
Plus grave encore, cette répression semble s’appliquer avec un système de « deux poids deux mesures ». Tandis que des associations luttant contre l’islamophobie ou soutenant la Palestine voient leurs comptes fermés, il n’est pas fait mention de problèmes similaires pour des groupes d’extrême droite. Au contraire, des fonds de soutien, comme celui récolté pour le policier ayant tué Naël, ont pu atteindre des sommes considérables sans être bloqués, malgré les controverses morales. L’argent des subventions dû à certains lycées est même parfois bloqué par les préfets.
Cette situation est perçue comme un signe inquiétant de « fascisation » et de l’avènement progressif d’une « dictature » où l’État lui-même ne respecte plus sa propre loi ni ses obligations, utilisant le contrôle financier pour museler toute voix dissidente. Il est crucial que les citoyens prennent conscience de cette dérive et que des actions collectives soient menées pour rétablir l’État de droit.
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