Israël, gaza et la mort du droit international : une analyse sans filtre du conflit

Une voix indépendante sur la situation à gaza

Antoine André, créateur et animateur de The Swiss Box Conversation, un média suisse indépendant, propose une perspective critique et peu couverte par les grands médias sur le conflit actuel entre Israël et le Hamas. Récemment, son engagement l’a mené en Égypte, où il a marché en signe de solidarité avec la communauté palestinienne, dans l’objectif d’atteindre Rafah à Gaza. Cet acte, qui va au-delà des discussions habituelles, souligne son indignation face aux événements en cours, remettant en question la narration dominante et les dilemmes auxquels la communauté internationale est confrontée.

Repenser le vocabulaire : d’un conflit à une extermination

L’une des premières remises en question d’Antoine André porte sur la terminologie utilisée pour décrire la situation. L’emploi des mots « conflit » ou « guerre » crée, selon lui, une fausse équivalence entre deux belligérants qui seraient plus ou moins égaux. Or, il n’en est rien : la Palestine n’a pas d’armée, Gaza n’a ni chars, ni systèmes de guidage, ni dôme de fer. Face à une puissance nucléaire comme Israël et un peuple piégé dans ce qui est décrit comme une « prison à ciel ouvert », ces termes ne reflètent pas la réalité. Il suggère plutôt des expressions comme « guerre asymétrique » ou, plus fortement, « apartheid », « déplacement », « colonisation », ou même « extermination », « génocide », et « destruction totale et systématique d’un peuple ». Ces mots, bien que plus graves, décrivent non seulement la violence inouïe mais aussi la méthodologie et la vision sous-jacente d’Israël, insistant sur une dynamique unilatérale d’un occupant face à un occupé, d’un oppresseur face à un oppressé.

Le 7 octobre et la « directive annibale » : une zone d’ombre

L’analyse des événements du 7 octobre est particulièrement critique. Antoine André souligne qu’Israël est le pays qui s’oppose à une investigation indépendante sur ces événements. Il évoque la « directive Annibale », une politique israélienne qui autorise de sacrifier des otages pour empêcher leur capture par l’ennemi. Selon lui, cette directive aurait été appliquée le 7 octobre, les hélicoptères israéliens tirant des bombes sur des voitures où se trouvaient des membres du Hamas mais aussi des civils. Des médias israéliens eux-mêmes, tels que Haaretz, auraient confirmé cette directive, contrairement aux médias occidentaux qui n’ont pas repris cette information. Il questionne les chiffres des victimes, rappelant que sur les 1200 décès initialement rapportés, 400 étaient des militaires israéliens, et que les dégâts observés sur les véhicules ne peuvent être infligés par les armes légères que possédaient les milices palestiniennes.

Le hamas : résistance ou terrorisme ?

La qualification du Hamas comme « mouvement terroriste » est également mise en question. Antoine André le considère comme un « mouvement résistant », faisant le parallèle avec la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale ou Nelson Mandela, tous deux qualifiés de « terroristes » à l’époque. Il admet que des méthodes dites terroristes puissent être utilisées par recherche de symétrie avec l’occupant. Cependant, il insiste sur le fait que le Hamas est une faction parmi d’autres mouvements de résistance palestiniens, et que la simplification du récit à un conflit « Israël contre le Hamas » ignore la complexité de la résistance palestinienne.

Propagande et double standard : le rôle des médias occidentaux

Une critique majeure est adressée aux médias occidentaux, accusés de relayer une propagande pro-israélienne. De nombreuses allégations concernant le 7 octobre – telles que 40 enfants décapités, viols de masse ou bébés mis dans des fours – ont été démenties ou n’ont pas été prouvées par des enquêtes. Les vidéos montrées aux journalistes par l’armée israélienne, mais jamais rendues publiques, sont également une source de suspicion. Antoine André estime que les mises en scène et fausses vidéos sont plus souvent du côté israélien en raison de leurs moyens technologiques supérieurs, contredisant l’idée que les Palestiniens auraient la capacité de produire des manipulations sophistiquées.

Il dénonce un racisme fondamental : la mort massive de « bruns, musulmans, arabes » ne suscite pas la même indignation médiatique que la menace sur des personnes perçues comme « ayant la peau comme nous ». Cette dichotomie protège Israël et entretient une fausse image de garant des valeurs occidentales.

Les témoignages de l’horreur : humaniser la souffrance

L’expérience d’Antoine André en Égypte lui a permis de recueillir des témoignages poignants de Palestiniens réfugiés, cherchant à humaniser ce qui est souvent réduit à des chiffres. Il partage plusieurs récits marquants :

Le jeune garçon mutique : Un enfant de 8 ans, traumatisé par l’irruption de l’armée israélienne chez ses voisins, a perdu la parole pendant deux ans.

La mère oubliée : Une personne réfugiée à Qara en Égypte a découvert au téléphone, et de manière presque accidentelle, que sa propre mère était décédée du cancer, faute de structures médicales, illustrant la perte de mémoire due à l’accumulation des traumatismes.

L’album de la dignité : Une femme, seule survivante de sa famille après un bombardement, a pu commencer à reconstruire sa vie en créant un album photo de ses proches défunts, un trésor qui l’aidait à retrouver sa mémoire et sa dignité.

Ces récits soulignent l’importance vitale de la mémoire pour les Palestiniens, une manière de ne pas être effacés et de garder leur humanité.

L’effondrement du droit international et la complicité occidentale

La situation actuelle, selon Antoine André, marque la « mort du droit international ». Il observe une application sélective de la justice : des sanctions massives contre la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine, mais aucune contre Israël pour des actions qu’il qualifie de génocidaires. Cette sélectivité signifie que le droit n’existe plus, laissant place à la « loi du plus fort », incarnée par la puissance militaire américaine et israélienne.

Il désigne Israël comme le premier responsable de l’oppression, les États-Unis comme le deuxième coupable par leur soutien financier et militaire vital, et les nations occidentales (France, Suisse, Allemagne) comme complices par leur silence, leur inaction ou leur soutien continu. Cette complicité occidentale, loin de protéger les juifs, les met en danger, car l’injustice génère la violence, et l’antisémitisme ainsi que l’islamophobie augmentent globalement.

Un appel au réveil des consciences

Malgré un certain pessimisme face à des institutions politiques, juridiques et médiatiques qu’il juge en faillite ou corrompues, Antoine André nourrit un espoir : celui d’un « réveil des consciences ». Il pense que les nouvelles générations, habituées à naviguer dans un flot d’informations contradictoires sur internet, développent des outils pour discerner la vérité et pourraient être celles qui diront « stop » à cette barbarie. Il invite chacun à rompre avec l’héritage collectif de l’inhumanité, soulignant que rester les bras croisés est plus coûteux que d’essayer d’agir. La marche pour Gaza, même si elle n’a pas atteint son objectif immédiat, a semé des graines d’espoir et permis à ses participants de retrouver un sens à leur humanité.

En fin de compte, la Palestine, à travers sa souffrance et sa résilience, envoie une « bouée de sauvetage » à l’humanité, offrant une leçon sur le prix de l’audace d’oser être souverain et libre. Le chemin vers la paix sera long et difficile, exigeant une auto-réflexion collective que les générations précédentes ont refusé de faire.

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