1967 : de gaulle, israël et les mutations du moyen-orient

En 1967, le général de Gaulle a offert une perspective pénétrante sur l’évolution de la politique française à l’égard d’Israël, revenant sur les appréhensions initiales liées à sa fondation et les changements survenus au fil du temps. Son allocution met en lumière un virage significatif dans les relations bilatérales, marqué par une distance progressive et un appel constant à la modération.

De l’espoir initial aux premières craintes

L’établissement d’un foyer sioniste en Palestine, puis la création de l’État d’Israël après la Seconde Guerre mondiale, avaient suscité de nombreuses interrogations. La question se posait, même parmi de nombreux juifs, de savoir si l’implantation de cette communauté sur des terres acquises dans des conditions discutables, et au milieu de peuples arabes foncièrement hostiles, n’allait pas engendrer des frictions et des conflits interminables. Certains craignaient même que le peuple juif, alors dispersé mais reconnu comme un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, ne change, une fois rassemblé, ses souhaits émouvants de « l’an prochain à Jérusalem » en une ambition ardente et conquérante.

Initialement, de nombreux pays, dont la France, avaient vu avec satisfaction l’établissement de cet État sur le territoire que lui avaient reconnu les puissances. L’espoir était alors qu’Israël parvienne, en faisant preuve d’un peu de modestie, à trouver un modus vivendi pacifique avec ses voisins.

Le tournant de 1956 et l’émergence d’un état guerrier

Cependant, ces données psychologiques ont commencé à changer après 1956, notamment à la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez. C’est à partir de ce moment que la France a perçu l’émergence d’un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir. L’action menée par Israël pour doubler sa population par l’immigration laissait penser que le territoire acquis ne lui suffirait pas longtemps, et qu’il serait poussé à utiliser toute occasion pour s’agrandir.

Face à cette évolution, la 5e République, dirigée par de Gaulle, s’est dégagée des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec Israël. Au contraire, elle s’est appliquée à favoriser la détente au Moyen-Orient.

Des relations cordiales mais empreintes de modération

Malgré ce changement d’approche, la France a conservé des rapports cordiaux avec le gouvernement israélien, lui fournissant même des armements pour sa défense éventuelle. Néanmoins, en parallèle, Paris lui prodiguait des avis de modération, notamment concernant les litiges sur les eaux du Jourdain ou les escarmouches périodiques opposant les forces des deux côtés.

De plus, la France ne donnait pas son aval à l’installation d’Israël dans un quartier de Jérusalem dont il s’était emparé, et maintenait son ambassade à Tel-Aviv. Ces positions témoignaient d’une volonté française de soutenir une paix durable et de tempérer les ambitions territoriales, marquant ainsi une nouvelle ère dans ses relations avec l’État hébreu.

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