Nous sortons tout juste d’une audience cruciale devant la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’Évry. Le dossier qui y était jugé est symptomatique d’une tendance inquiétante : celui d’un militant et personnalité palestinienne poursuivi pour apologie du terrorisme. Ce cas est d’autant plus particulier qu’il concerne un homme dont le vécu est directement lié à la réalité qu’il dénonce.
Ce militant a passé vingt ans de sa vie en Cisjordanie occupée. Il a subi de plein fouet l’occupation coloniale et une situation d’apartheid. Sa famille entière a été marquée par cette épreuve : son neveu de 15 ans est décédé, son frère est paraplégique à la suite d’un tir de l’armée israélienne, et son père a passé une grande partie de sa vie incarcéré. Leur petit village, situé près de la frontière, a vu plus de 110 hectares de ses terres spoliés par l’armée. Poursuivre en France une personne qui a vécu une telle réalité et en subit encore les conséquences est perçu comme une double violence, réactivant des traumatismes extrêmement vifs.
Ce procès met en lumière une problématique plus large : la manière dont l’infraction d’apologie du terrorisme est utilisée de manière massive depuis le 7 octobre. L’objectif, selon certains observateurs, est clair : restreindre le débat public et contraindre toute personne à adhérer à la position officielle du Quai d’Orsay et du Président Macron sur la question palestinienne. C’est le sens même de la circulaire du 10 octobre 2023, qui a déjà mené à des condamnations très lourdes et systématiques.
Dans ce dossier précis, les réquisitions ont été sévères : 18 mois de prison avec sursis, assortis d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF). Il est crucial de souligner la violence d’une telle mesure pour quelqu’un qui a deux enfants nés en France et de nationalité française. Une telle décision, à l’encontre d’une personne qui dénonce une occupation qu’elle a vécue dans sa chair, représente une grave atteinte à la liberté d’expression. C’est pourquoi de nombreux observateurs ont appelé à la relaxe, estimant que cette application de la loi entrave gravement le débat démocratique et la capacité de chacun à s’exprimer sur des réalités vécues.
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