Dans cette vidéo, Jack Latour, directrice des activités des infirmières canadiennes de Médecins sans Frontières (MSF) à Gaza, offre un témoignage direct et poignant sur la détérioration continue de la situation humanitaire. Elle décrit les défis auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires, les types de blessures observées et le système chaotique de distribution de l’aide sur place.
Témoignage d’une responsable de Médecins sans Frontières à Gaza
Jack Latour, directrice des activités des infirmières canadiennes de Médecins sans Frontières (MSF) à Gaza, est sur place et se trouve dans le sud de la bande de Gaza, près de la limite avec Rafah, dans des zones d’évacuation et d’occupation militaire. Malgré les mouvements souvent difficiles, MSF continue d’accéder à ses sites, qui sont des cliniques offrant des soins primaires et des urgences, et qui sont en première ligne des distributions d’aide.
La situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer, avec des dizaines de Palestiniens tués et des milliers d’autres peinant à se nourrir. Madame Latour décrit une réalité quotidienne de blessés par balles, souvent déjà décédés à leur arrivée, transportés sur des charrettes tirées par des ânes. Ces blessures sont fréquemment localisées au thorax, à la poitrine, mais aussi aux jambes et à d’autres extrémités. Il est particulièrement préoccupant que plusieurs victimes soient touchées dans le dos ou dans des endroits névralgiques, entraînant des pertes de sang massives. Selon Jack Latour, peu importe où une personne est tirée, le fait d’être visé est « inacceptable ». Les Gazaouis blessés qui se rendent sur les sites de distribution de nourriture se retrouvent dans un « système chaotique » marqué par un « manque de communication », un « manque de respect pour la vie humaine et la dignité humaine ». En raison des ressources très limitées de MSF, les personnes gèrent elles-mêmes les petites blessures, ne venant aux cliniques que pour des blessures graves comme celles par balles.
Comparant la situation à d’autres contextes où elle a travaillé, comme en Haïti où il y a des problèmes de violence et de malnutrition, Jack Latour affirme que la situation à Gaza est « complètement différente ». Cette différence est due à une « inaction politique » flagrante face au « trafic » qui a lieu, avec les Palestiniens qui « payent ce prix ». Elle souligne un grave manque de carburant, d’eau potable et de médicaments, non pas par manque d’accès mais parce que « les accès sont bloqués ». La situation est « pas du tout acceptable ».
Le système de distribution de l’aide, tel qu’il existe actuellement, est décrit comme « inhumain ». Avant le conflit actuel, des systèmes organisés permettaient aux familles de communiquer par texto pour venir chercher l’aide. Désormais, dans le sud et à la limite du nord, la communication est « systématiquement mal organisée », avec des changements de dernière minute, des distributions parfois nocturnes ou ne durant que dix minutes. Ces distributions ont lieu dans des zones d’évacuation, où les gens n’ont pas le droit d’être, créant un « couloir unique » où les gens tentent d’entrer et de sortir en même temps. C’est une question de survie où le plus fort peut parfois repartir avec un sac de nourriture, mais où d’autres ressortent les mains vides, ou ne ressortent pas vivants.
Face à cette situation, Médecins sans Frontières a fait une annonce de presse officielle cette semaine, demandant l’arrêt du système actuel de distribution d’aide. MSF, comme d’autres organisations internationales qui ont refusé de participer à des propositions comme le GHF, estime que la méthode actuelle ne respecte pas les principes de distribution humanitaire et de la dignité humaine. La situation ne s’améliore pas, elle est non seulement tolérée mais « systématique ». MSF demande également un cessez-le-feu et l’ouverture des frontières pour permettre une distribution d’aide humanitaire respectueuse.
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